Accueil favorable pour le nouveau plan québécois d’agriculture durable
Le nouveau plan québécois d’agriculture durable, dévoilé jeudi par le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a reçu un accueil favorable du monde agricole et environnemental. L’Union des producteurs agricoles (UPA) et Équiterre ont applaudi les mesures proposées par le gouvernement Legault pour réduire les risques liés à l’usage des pesticides, améliorer la biodiversité et diminuer le recours aux engrais chimiques.
« Les agriculteurs du Québec partagent les préoccupations de leurs concitoyens et demandent depuis longtemps un plan d’action à moyen, long terme, pour continuer à améliorer leurs pratiques », a déclaré Marcel Groleau, le président de l’UPA, qui représente les 42 000 producteurs agricoles de la province.
La Presse a dévoilé jeudi les grandes orientations de ce plan vert agricole qui se veut en quelque sorte la réplique du gouvernement Legault à l’affaire Louis Robert et à la tenue d’une commission parlementaire sur l’usage des pesticides très médiatisée à l’automne 2019.
Au cours des cinq prochaines années, une somme de 70 millions sera consacrée à rétribuer les producteurs qui adoptent des pratiques agroenvironnementales qui vont au-delà des exigences réglementaires en place.
L’approche qui consiste à récompenser financièrement les bons élèves est la pierre d’assise du Plan d’agriculture durable 2020-2030, doté d’un budget total de 125 millions pour les cinq premières années.
L’objectif premier du plan est de réduire à la fois l’usage et les risques des pesticides. Québec souhaite ainsi faire chuter de 15 % le volume de pesticides vendus à l’échelle de la province. Le gouvernement souhaite par ailleurs diminuer de 40 % l’indice qui chiffre les risques des pesticides sur la santé et l’environnement.
« Équiterre applaudit le plan d’agriculture durable du MAPAQ et la volonté très claire de rallier le monde agricole autour d’un projet ambitieux qui nous apparaît comme une réponse pour commencer à relever les défis majeurs de notre époque », a déclaré la directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe.
Mme Thorpe et M. Groleau ont participé à la conférence de presse virtuelle du ministre Lamontagne.
L’organisme Vigilance OGM a pour sa part émis quelques réserves. « On aurait aimé voir l’interdiction pour les agronomes liés à l’industrie agrochimique de faire des prescriptions d’usage de pesticides. Ça fait longtemps que prescription et vente sont séparées dans le domaine de la médecine. En 2020, pourquoi attend-on encore ? », s’est demandé le coordinateur du groupe, Thibault Rehn.
La double casquette de vendeur et de prescripteur de certains agronomes a été l’un des enjeux clés abordés lors de la commission parlementaire sur les pesticides.
Lors de sa présentation, le ministre Lamontagne a annoncé que l’Office des professions s’était vu confier le mandat de moderniser la Loi sur les agronomes, qui date de la Seconde Guerre mondiale. Un geste que l’Ordre des agronomes a accueilli avec « enthousiasme ».
« En 1945, la phytoprotection, on ne parlait pas tellement de ça », a souligné le ministre. Il affirme que l’objectif sera d’offrir « un meilleur encadrement de l’indépendance et de la rémunération des agronomes et assurer la traçabilité des actes agronomiques ».
« Équiterre se réjouit de la modernisation de la loi sur les agronomes et on espère qu’elle leur assurera une plus grande indépendance devant l’industrie de la vente de pesticides et de fertilisants », a indiqué Mme Thorpe.